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résulté des moules à boulets qui criblent partout les surfaces. Ce labyrinthe à lui seul dépasse en intérêt les trente cavernes de notre pays. Songez à une avalanche de rocs monstrueux, allant, se heurtant, s’accrochant, trébuchant par leur poids dans les profondeurs de l’immensité. C’est l’image du chaos, c’est le chaos lui-même surpris dans un moment d’arrêt. Rien ne témoigne aussi puissamment des agitations de notre pauvre planète à sa période d’enfance. Je comprends mieux maintenant l’exclamation du chantre des Martyrs en présence du Niagara : « C’est une colonne d’eau du déluge ! » Ici nous assistons à l’enfantement des montagnes.

Toute la caverne est propre comme un sou neuf. Les eaux l’ont lavée et récurée tellement qu’elle ne contient aucun débris. Pas la moindre trace de végétation. Pas même de champignons. Ni mousse ni moisissure. Quelques ossements de castors et de loutres sont tout ce qu’elle renfermait au jour de sa découverte.

L’œil est frappé du travail que les eaux