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depuis quelques années. Aux efforts des feux et des gaz souterrains, elles n’ont opposé que peu de résistance ; l’effroyable élan de bas en haut qui a fracturé des centaines de lieues de l’écorce du globe, les a entraînées dans le mouvement.

Puis on aperçoit aussi, çà et là, des traces de ces curieuses migrations de monolithes expliquées par l’observation et le sens commun, mais qui s’accordent si peu avec le proverbe : « les montagnes ne se rencontre pas. » Les pierres voyagent et se rencontrent. Il nous en est venu en quantité, et de fort grosses, des monts supérieurs où les glaces flottantes les détachaient alors que notre continent était couvert par les eaux. Quand les banquises qui les charriaient fondaient ou se brisaient, les rochers coulaient bas sans façon, quelquefois isolément, souvent par milliers, de manière à laisser dans les champs d’aujourd’hui ces traînées de cailloux qui font le désespoir des laboureurs. Tel moellon qui obstrue le chemin d’Ottawa à Pélissier vient des têtes élevées des Laurentides et se trouve dépaysé depuis des centaines de siècles.