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réflexions sur l’art des vers

en suivre les partisans sur le terrain commun de l’analyse, le seul où les arguments opposés se rejoignent et se rencontrent, où la controverse aboutisse. De deux choses l’une : ou bien ils seraient tous conduits à s’avouer les uns aux autres que la phonétique du vers défie toute formule rationnelle et ne relève que de l’intuition ; par cela même chacun renoncerait à critiquer l’opinion invincible des autres, et le débat cesserait faute d’objet ; ou bien ils en pourraient démontrer rationnellement les lois phoniques, et les querelles tomberaient encore d’elles-mêmes. Que d’encre épargnée !

Du moins, nous n’aurons pas tout à fait perdu la nôtre dans ces lignes, dont l’intention fera pardonner l’austérité, si nous avons réussi à donner quelque ouverture sur les conditions essentielles de notre art aux jeunes gens qui s’y intéressent et peuvent en accroître la pépinière et la clientèle.