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réflexions sur l’art des vers

Ce vers deviendrait d’une intolérable monotonie s’il avait toujours la césure en son milieu, car sa brièveté le prive de rythme irrégulier dans ses hémistiches ; par là, il démontre avec évidence toute l’utilité de la combinaison de ce rythme avec le régulier dans la composition du vers. — Le vers de deux syllabes n’existe que par la rime.

Troisième loi.

Dans le vers d’un nombre impair de syllabes, la césure se place de manière à répartir les syllabes du vers le moins inégalement possible entre les deux hémistiches. Comme, dans ces conditions, il n’y a pas, entre les nombres respectifs de syllabes afférents à ceux-ci, de commun diviseur autre que 1, le rythme est forcément irrégulier, mais l’unité de mesure en est la plus grande possible. Ce qui la détermine, c’est donc le plus grand commun diviseur approximatif entre ces deux nombres, celui qui laisse le moindre reste. Or, ce reste, l’ouïe l’utilise instinctivement pour résoudre en symétrie l’inégalité rythmique ; à cet effet, une syllabe, qui le représente, est isolée