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réflexions sur l’art des vers

s’il avait affaire à un premier hémistiche d’alexandrin. Cette observation s’applique à tout groupe de syllabes susceptible également d’être un vers ou d’entrer dans un vers.

Le vers de quatre syllabes, dont voici un spécimen, de Théodore de Banville :


L’air — illumine,
Ce front — rêveur.
D’une — lueur
Tris — te et divine.


ou bien :


Triste et — divine,


est trop court pour ne pas satisfaire l’oreille par sa division, quelle que soit la place de la césure, car celle-ci ne peut exister qu’après la première ou la seconde syllabe (celle qui rime, étant toujours forte, dispense toujours la troisième de l’être), et dans ces deux cas il se divise nécessairement en deux parts égales, ou le moins possible inégales.