de cette origine. Sans contrôle elles peuvent, sans péril, être outrecuidantes et impertinentes. Il n’en va pas de même des propositions géométriques ; celles-ci ne valent que par les preuves et se rendraient ridicules si elles prétendaient s’en affranchir et demeurer des opinions individuelles sans perdre leur autorité. Comme, d’autre part, la conscience et la modestie sont hors de cause dans le raisonnement, chacun pouvant en vérifier la justesse, les géomètres ne connaissent pas entre eux les inconvénients de la pudeur et de la fierté timide. Ajoutons qu’ils n’ont jamais besoin de s’injurier mutuellement, puisqu’ils ont d’infaillibles moyens de se convaincre. Ils sont bien heureux ! Oh ! produire une indiscutable beauté, comme celle d’un théorème démontré avec une simplicité ingénieuse, avec élégance en un mot, et d’une si haute portée que la prédiction d’un mouvement céleste en dépende ! Vous est-il permis à vous autres, artistes, à vous surtout, poètes, de goûter jamais le tranquille orgueil d’une création pareille, d’une œuvre qui force l’envie au respect par la crainte du ridicule ? La
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réflexions sur l’art des vers