Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.


FRA BEATO ANGELICO


 
Avant le lever du soleil,
Quand aux yeux il n’apporte encore
Qu’un pressentiment de l’aurore,
Et qu’il blanchit plus qu’il ne dore
Les champs émus d’un lent réveil,

Au jour qui commence de croître,
La vitre luit sous les barreaux,
Et les colonnettes du cloître
Sentent l’ombre des passereaux ;

Le laurier, la rose trémière,
Qui fleurissent autour du puits,
Se redressent vers la lumière
En distillant les pleurs des nuits,
Et le jardin fait sa prière.

C’est l’heure où, bénissant le jour
Dont sa paupière se colore,