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AU DÉSIR


 
Ne meurs pas encore, ô divin Désir,
        Qui sur toutes choses
Vas battant de l’aile et deviens plaisir
        Dès que tu te poses.

Rôdeur curieux, es-tu las d’ouvrir
        Les lèvres, les roses ?
N’as-tu désormais rien à découvrir
        Au pays des causes ?

Couvre de baisers la face du beau,
Jusqu’au fond du vrai porte ton flambeau,
        Fils de la jeunesse !

Encor des pensers, encor des amours !
Que ta grande soif s’abreuve toujours
        Et toujours renaisse !