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LE PREMIER DEUIL


 
En ce temps-là, je me rappelle
Que je ne pouvais concevoir
Pourquoi, se pouvant faire belle,
Ma mère était toujours en noir.

Quand s’ouvrait le bahut plein d’ombre,
J’éprouvais un vague souci
De voir près d’une robe sombre
Pendre un long voile sombre aussi.

Le linge, radieux naguère,
D’un feston noir était ourlé :
Tout ce qu’alors portait ma mère,
Sa tristesse l’avait scellé.

Sourdement et sans qu’on y pense,
Le noir descend des yeux au cœur ;
Il me révélait quelque absence
D’une interminable longueur.