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Un nid ! mon cher enfant, il me vient une larme,
Tant ce petit mot-là m’est allé droit au cœur ;
Comme un chatouillement dont on souffre avec charme,
De mes vœux fatigués il émeut la langueur.

Ce mot a rencontré dans l’infini de l’âme
Une oasis profonde, et soudain découvert
La source qui répand la fraîcheur sur la flamme
Et fait pour un moment oublier le désert.

Enfant, prends-moi la main, je me sens seul au monde,
J’approuve, les yeux clos, ton choix que Dieu bénit ;
Des vierges sur les prés dansent là-bas la ronde,
Choisis-moi la colombe et j’accepte le nid.