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Et moi par de vaines chansons
J’attise dans mon cœur ma plaie,
Le cri des nids dans les buissons
M’attriste plus qu’il ne m’égaie.

Mais, ô mon amie, un ciel clair
Est de trop d’ivresse prodigue ;
La caresse éparse de l’air,
L’encens même des fleurs fatigue ;
 
On sent dans l’âme un cher repos
Descendre avec le jour qui baisse,
On cherche un appui, l’œil mi-clos,
La voile des désirs s’affaisse.

Ne viendrez-vous pas vous asseoir
Sur le bord obscur de la route,
Où je vous attendrai le soir.
Quand l’ombre la couvrira toute ?