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Dans l’azur, un silence immense et solennel
Semble épier l’arrêt de l’Arbitre éternel
Qui prohibe ou tolère et châtie ou pardonne,
Pendant que rit encore au soleil et bourdonne,
Par sa douce ignorance à la peur étranger,
Ce monde dont la paix court un si grand danger !

L’attente a peu duré : l’aile oisive palpite,
Et, dans une envolée imprévue et subite,
L’ange, tournant le dos au globe inférieur,
Vers le plus glorieux séjour et le meilleur
Ravit éperdument le couple magnanime…

De la carrière astrale il indique la cime :

______« C’est là, c’est là que vous montez !
______Où du repos les forts jouissent,
______Où sans remords s’évanouissent
______En extases les volontés !
______Où, des funèbres bandelettes
______Ayant rompu les derniers plis,
______Les anciens vœux ensevelis
______Savourent des faveurs complètes.

______« Rouvrant vos cœurs plus soucieux
______Du genre humain que de vous-mêmes,
______A l’aube des splendeurs suprêmes
______Je vous ai vus fermer les yeux,