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Pour rapprocher leurs mains et les unir, il semble
Que le trépas déjà les ait glacés ensemble.
Ils n’ont pas vu la Mort achever leur repos :
Leurs yeux à leur insu par degrés se sont clos,
Leurs fronts n’ont plus pensé, décolorés à peine,
Et tout bas, ralentie, a cessé leur haleine.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
Quand le soleil du monde abandonné par eux
Embrasa tout à coup l’horizon vaporeux,
Une abeille rôdeuse, explorant les prairies,
Sur un amas foulé de mille fleurs meurtries
S’arrêta pour y faire un butin pour son miel.
Comme avec la douleur se fait la joie au ciel.