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Faustus sur sa poitrine, avec force et douceur,
La presse, la ranime, et lui parle :
 
__________________________« O ma sœur,
O ma compagne, objet et raison de ma vie,
Se peut-il qu’une larme, innocemment ravie
A l’admiration par la splendeur des cieux,
Ait terni ton bonheur d’un nuage anxieux ?
N’avais-tu donc jamais, dans ce beau monde, encore
A mes cils palpitants vu les larmes éclore ?
Pourtant déjà mes yeux en ont été voilés
Devant l’azur des tiens, paradis étoiles !
Et ces larmes, c’était l’extase débordante
Qui m’inondait sans bruit d’une caresse ardente.
Hé bien ! ces mêmes pleurs, Stella, sollicités
Au plus profond de moi par les pures clartés
Qu’en nos épanchements me versent tes prunelles,
Germent devant les nuits aux clartés solennelles.
L’Infini m’avait seul ému quand j’ai pleuré,
Clémence en haut, tendresse en bas, partout sacré ! »
 
Stella lui prend la main, sourit et se rassure ;
Mais il n’a fait, hélas ! que panser sa blessure.