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Et par l’éblouissante et brève déchirure
S’illumine le champ jusque-là ténébreux
Du combat sans merci des éléments entre eux.
Faustus est traversé d’une clarté pareille.
L’orageux souvenir qu’évoque son oreille
Trouble d’un deuil subit son loisir souriant,
Et dans sa conscience un éclair foudroyant
Lui montre tout à coup la lice encore ouverte
Du combat que l’honneur livre au plaisir ; en vain
Les caresses pour lui l’avaient de fleurs couverte.
Du seul miel de l’amour il crut leurrer sa faim :
Rien ne l’assouvira, hors la fierté suprême,
Si cher que la vertu la fasse au cœur payer,
D’effectuer en soi, librement, par soi-même,
Le plein contentement de l’homme tout entier !

— Faustus ! Faustus ! — Ce cri que l’écho lui répète
Comme un cri de colombe en des bruits de tempête,
Cet appel qu’à travers les plaintes il entend.
Clair et long, jusqu’à lui de la plaine montant,
A de son cœur soudain dominé la tourmente ;
Il frissonne, étonné d’entendre son amante.
 
______— Faustus ! Faustus !
________________________« O timbre pur.
______Timbre d’une voix trop connue !
______Ta vibration me remue
______Comme un tendre lambeau d’azur
______Qui rend plus sinistre la nue !