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Mais jamais, n’est-ce pas ? la sublime allégresse
Dont ce balcon céleste emplit l’âme et les yeux
N’égala cet émoi sacré qui nous oppresse
Comme si nous allions y devenir des dieux !

Stella ! le pur éther est seul notre patrie !
Que j’y sente ton cœur sur mon cœur se poser,
Et que, rivant ma lèvre à ta lèvre fleurie,
J’y goûte un paradis qu’embaume ton baiser !

stella

______Oui, dans cette clarté sereine,
Sur ce sommet où passe une subtile haleine,
______Ce m’est un délice innommé,
______Une ivresse en effet divine
D’être à toi, de m’abattre en paix sur la poitrine
______Large et tendre du bien-aimé !

______Ah ! que ma bouche offre à la tienne
Un miel dont la saveur à jamais l’y retienne !
______Comme se fondent deux liqueurs
______Dans la coupe qui les mélange,
Ne formons dans l’amour, par leur intime échange,
______Qu’une essence de nos deux cœurs ! —
 
Alors debout devant l’éternelle Nature,
Jeunes hôtes d’un monde où la jeunesse dure,