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Pendant que mon esprit, de l’un à l’autre pôle,
Pour arracher au ciel un cri révélateur,
Du sphinx éblouissant étreignait la grandeur,
Une main se posa sans bruit sur mon épaule.
La surprise rompit mon héroïque ardeur :

« Tu fais de ta pensée un téméraire usage.
Va ! le combat entre elle et Dieu n’est pas égal. »
Et, dans le mol éclat du jour zodiacal,
Qui baignait de blancheur son buste et son visage,
Je reconnus, debout à mon côté, Pascal !

stella

J’ai mille fois béni, je bénirai sans cesse
L’inespéré sauveur, le divin messager
Qui plaignait ta folie et t’en sut corriger,
Lui qui sait fuir l’orgueil non moins que la bassesse,
Aux secrets éternels sans révolte étranger.

faustus

______« Homme, dit-il, ta vue est brève.
______Garde-toi d’usurper le lieu
______D’où plonge, sans borne ni trêve
______Et partout, le regard de Dieu.
______Reporte le tien sur les roses ;
______Sa lutte avec l’immensité,
______L’origine et la fin des choses
______N’aboutit qu’à la cécité.