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Par ma sonde, pourtant si courte et si tôt lasse,
Je me flattais d’atteindre assez profondément
Pour toucher, sous les flots dont la figure passe,
L’inébranlable lit témoin de leur tourment.

stella

______Hélas ! hors du monde où la fange
Se fait chair pour souffrir et pour courber le dos,
Ne pouvais-tu goûter le céleste repos.
______Libre, heureux, pur comme un archange ?

faustus

Je suis homme !… Tu sais comment me fut rendu
Ce repos que j’avais, en t’oubliant, perdu.

La brise fraîchissait, je relevai la tête.
L’astre qui règle ici le jour et la saison
Empourprait seulement le fil de l’horizon ;
En haut, inaugurant leur solennelle fête,
Les étoiles déjà scintillaient à foison.

J’étais au bord d’un lac dont l’eau plane et limpide
M’offrait dans son miroir ces sublimes foyers
Renversés et dans l’ombre à l’infini noyés,
Et je crus voir, du centre où la cause réside,
L’univers s’arrondir sur mon front, sous mes pieds.