Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils laissent, dans leur humble et sage insouciance,
L’œuvre des éléments rester mystérieux !
Le monde a, tout entier, pour floraison la vie ;
Vivre, c’est échanger sans cesse avec autrui ;
L’amour est le suprême échange : c’est donc lui
Qui donne un sens au monde et qui le justifie !

stella

A quoi bon, le regard péniblement tendu
Et le front consumé par de stériles fièvres,
Soumettre au froid scalpel le cher tissu des lèvres,
Quand le baiser donné nous est deux fois rendu ?
A quoi bon mesurer par des chiffres moroses
Le temps que met l’étoile à resplendir pour nous,
Quand nous la contemplons, les paupières mi-closes,
La tête pour coussins ayant deux chers genoux ?

faustus

______Il ne reste de la lumière
______Qu’une aveugle vibration.
______Quand on a banni du rayon
______Sa magie aux yeux coutumière ;
______Pourquoi décolorer le ciel ?
______Pourquoi ravir à la matière
______Son mirage immatériel ?

______Encore si l’esprit avide.
______Déchirant le rideau d’azur.