L’affreux champ clos des existences :
Dans le combat nécessité
Par la famine et le partage
La plus ferme variété
Fonde et lègue son avantage ;
L’espèce, en équilibre, sort
De la victoire qui s’achève,
Et sa durée est une trêve
Que menace un lutteur plus fort.
« La terre est un champ de bataille !
Mais ni la force ni la taille
N’y sauraient toujours triompher :
Le microbe invisible affronte
Le gigantesque mastodonte
Dont le poids ne peut l’étouffer.
La planète change de face,
Le géant n’y laisse de trace
Que l’os dans la roche incrusté ;
L’invisible toujours vivace
Y brave seul la vétusté.
En vain contre l’espèce même
Le temps ou le fléau sévit :
La cellule que la mort sème,
Mère des formes, leur survit !
Génératrice universelle,
Elle cache une humble parcelle
Du foyer qui luira demain
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