Tu rends visible chez la plante
Par de factices pâmoisons
La vie en elle somnolente,
Humaine sous d’humbles cloisons.
Tes savants et beaux artifices
Contraignent même les poisons
A rendre aux mortels des services.
« Mais l’homme est le dernier venu :
D’autres peuples couvrent la terre.
L’espèce y restait un mystère,
Le sol n’en était pas connu.
La surface en est riche et belle ;
Aristote y sait déjà voir,
Et Pline à la dépeindre excelle ;
Bravant le feu qu’elle recèle
Il en meurt sans en rien savoir.
« Habitée après maint désastre,
La verte écorce du vieil astre
Dont le centre est encore ardent.
Par degrés enfin refroidie,
Y retient captif l’incendie
Qui parfois la plisse en grondant ;
Mais sur son prisonnier farouche
Affermie, elle enfante et rit ;
Et, sans frayeur, couche par couche,
Cuvier la sonde et la décrit.
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