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L’ÉVENTAIL


À Madame Hermine Lecomte du Noüy.


C’est moi qui soumets le zéphire
À mes battements gracieux ;
Ô Femmes, tantôt je l’attire
Plus vif et plus frais sur vos yeux ;

Tantôt je le prends au passage
Et j’en fais le tendre captif
Qui vous caresse le visage
D’un souffle lent, tiède et plaintif.

C’est moi qui porte à votre oreille
Dans un frisson de vos cheveux
Le soupir qui la rend vermeille,
Le soupir brûlant des aveux ;

C’est moi qui pour vous le provoque
Et vous aide à dissimuler
Ou votre rire qui s’en moque
Ou vos larmes qu’il fait couler.