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Qu’un hasard de génie élèverait d’emblée ;
Non, l’assise à l’assise avec ordre assemblée
Sans l’atteindre jamais monte au couronnement.
L’ouvrier de science est un tailleur de pierres ;
Qu’il prenne ses marteaux, son fil et ses équerres
Et ne suspende pas ses rêves au clocher
Quand il n’en est encor qu’à fendre le rocher !
Il maçonne une tour, non le fronton d’un temple,
Et le ciel où tout pèse est le seul qu’il contemple :
L’horizon grandissant, mais borné, qu’il peut voir
Est le seul qu’il mesure et promette à l’espoir.

______« Nous devons l’unique science
______Que l’homme puisse conquérir
______Aux chercheurs dont la patience
______En a laissé les fruits mûrir.
______Les Euclide et les Pythagore,
______Par un siège lent mais certain,
______De la Nature close encore
______Ont préparé l’assaut lointain.
______Parce qu’ils ont d’abord su faire
______Du chiffre un signe ingénieux,
______Conçu la forme de la sphère
______D’après l’ébauche offerte aux yeux,
______Dessiné du doigt dans le sable
______Sur un triangle trois carrés.
______Parce qu’ils les ont comparés.
______Malgré l’abîme infranchissable.
______Les cieux ne nous sont plus barrés !