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VI

LA PHILOSOPHIE MODERNE


L’aurore soit bénie ! Elle rend l’espérance.
Il n’est de plaie au cœur que l’aurore ne panse !
Après les nuits de fièvre et les tardifs sommeils,
Ses sereines clartés ont d’apaisants conseils
Et de frais réconforts pour la plus âpre tâche.

Reposé par un court mais bienfaisant relâche
Et les yeux caressés par le jour souriant
Qui colore d’un rose enchanteur l’Orient,
Faustus ouvre son âme à l’effluve de joie
Que la jeune lumière à la pensée envoie.
Il se penche et longtemps s’enivre d’admirer
Sa compagne qu’à peine il entend respirer.
Il pleure en sa beauté l’idole qu’il néglige
Pour un culte morose et dont l’amour s’afflige.
Il veut hâter la fin de cette trahison.
Éteindre sans délai la soif de sa raison,