Penchait sa tige frêle aux tourmentes soumise.
Vulnérable autrefois et mortelle, sa chair,
Offerte maintenant à la tiédeur de l’air,
S’y peut épanouir à l’aise, enfin rendue
À son moule éternel qui l’avait attendue.
Elle l’a tout à coup, du premier jet, rempli :
Un col fier, un front lisse à tout jamais sans pli,
Que ne courbera plus une vie inquiète,
De l’ancienne exilée ont ennobli la tête ;
Et sur sa tempe court, délicat comme un fil,
Le bleuâtre réseau d’un sang vif et subtil.
Le trait de ses sourcils, déjà si pur, décore
La voûte de ses yeux d’un arc plus pur encore ;
L’azur de sa prunelle encor plus ingénu
Qui sur terre déjà montrait son âme à nu,
À travers l’infini reflété, la dévoile
Plus sereine et plus neuve, inextinguible étoile
Que baigne avec douceur, comme un soir qui descend,
De ses longs cils soyeux l’ombrage caressant.
Aux senteurs qu’un Avril durable a composées,
Palpitent de plaisir ses narines rosées ;
Une lueur d’ivoire avive le carmin
De ses lèvres qu’entr’ouvre un souris plus qu’humain.
Sa chevelure, au bord de l’oreille mignonne,
Comme un sable d’or fin qui ruisselle et rayonne,
Ondule étincelante, et jusques à ses pieds
Retombe, somptueuse, à flots multipliés ;
Et sur ce rideau blond qui l’embaume et le flatte
Son corps renouvelé, frais et splendide, éclate !
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