Les rêves à la fois suaves et navrants
Qu’inspire la musique aux hommes sur la terre ;
La coupe qu’elle y tend jamais n’y désaltère,
Coupe à la fois offerte et refusée au cœur,
Dont il sent le parfum sans goûter la liqueur.
Ami, de ce nectar, ici, rien ne nous sèvre ;
Nous pouvons y porter sans obstacle la lèvre.
Et, d’un philtre allégeant sans alarme enivrés.
Des chaînes qui liaient nos ailes délivrés,
Aller boire à leur source, en torrents d’harmonie,
La pure extase au pur enthousiasme unie ?
Je chante avec l’ancienne voix
Dont le timbre encore te charme ;
Mais, plus sereine qu’autrefois,
Il n’y tremble plus une larme ;
Il n’y languit plus de soupir.
Comme en ces jours de longue attente
Que l’idéal faisait subir.
Là-bas, à notre soif ardente ;
Il n’y passe plus de frisson,
Comme au temps de l’amour fragile
Où sans cesse un doute, un soupçon
Menaçaient l’idole d’argile ;