VOIX DE LA TERRE
Tu montes vainement, ô vivante marée
De tous les cris humains par la terre poussés !
Contre les fiers soleils, vagabonde égarée,
Tes flots aigus se sont vainement émoussés !
Tu n’es par aucun d’eux au passage accueillie ;
Tu peux longtemps encor dans l’infini courir :
Chaque étoile à son tour par ta houle assaillie
La sent glisser à peine et dans la nuit mourir.
Quand pour l’une tu fuis, au loin diminuée,
Pour une autre déjà tu grandis ; mais toujours
Ton douloureux concert de plainte et de huée
Dans son ascension trouve les astres sourds !
Pourtant reste fidèle à ta recherche errante :
Peut-être existe-t-il, plus haut encore aux cieux,
Une sphère moins sourde et moins indifférente
Qui t’est moins étrangère et te comprendra mieux.