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Sa fine chevelure au servage rebelle
Laissait, au gré du vent, sur son front voltiger
Des mèches d’un or clair comme un sable léger.
Et le luxe sans art d’une tresse abondante
Lui faisait, au soleil, une couronne ardente.
Dans ses yeux, avivés ou voilés par son cœur.
Se colorait d’azur l’extase ou la langueur ;
Et ce qu’elle disait, son délicat sourire
Semblait en même temps sur une fleur l’écrire,
Et tous les mots chantaient caressés par sa voix.
Quand, d’un geste élégant, ses longs et frêles doigts
Ramenaient sur sa tempe une boucle égarée,
On devinait sa race à leur pâleur nacrée.
Son pied semblait baiser le sol en le touchant :
L’oiseau qui ta partir déjà vole en marchant.
 

faustus

Pas encore, ô Stella, pas encore ! Il me semble
Que chacun de tes traits m’en rend plus cher l’ensemble
Il n’en est pas un seul que je veuille oublier,
Je les sens tous entre eux dans mon cœur se lier ;
Leurs défauts, si légers ! me sont doux, je les aime ;
Du sort terrestre ils sont le précieux emblème,
Comme aux pieds des captifs la marque de leurs fers
Reste un témoin sacré des maux qu’ils ont soufferts.
Quand j’aurai de ta grâce, en vain tant poursuivie,
Les yeux entièrement repus, l’âme assouvie,
Oui, quand j’aurai, plus tard, par la possession.