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I

RÉSURRECTION


Faustus tressaille, il ouvre avec lenteur les yeux,
Et, plein d’étonnement, reste silencieux.
Où donc est-il ? Quel rêve en le charmant l’abuse ?
Il sourit vaguement... Sa mémoire confuse
Ne trouble le présent d’aucun soin du passé ;
Le souvenir d’hier est encore effacé...
 
Il se trouve étendu sur un tapis de mousse,
L’air qu’il respire est tiède et l’odeur en est douce.
Et des arbres géants au feuillage inconnu
Versent leur ombre molle à son corps demi-nu
Qu’il sent robuste, souple, et que pare et protège
Un caressant tissu d’une blancheur de neige.
Il se lève ; un ruisseau l’attire, clair miroir
Qui s’étale à ses pieds et l’invite à s’y voir.
Cette image, o surprise ! est-elle bien la sienne ?