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Partout pour l’avenir épiant les couvées,
Tu sauves à tout prix, dès leur premier éveil,
Les voix de rossignols qu’on aurait étouffées,
Les prunelles d’aiglons qu’on fermait au soleil.

Si la gaîté du ciel rarement illumine
Tes austères préaux qui n’ont pas d’horizons,
Un peu du grand zéphyr qui souffle à Salamine
Mêle un salubre arôme à l’air de tes prisons.

Dans le sol sans gazon de tes cours sans platanes
Cependant une fleur attique germe et croît,
Et tes enseignements, si purs quoique profanes,
Font en nous l’esprit ferme et libre et le cœur droit.
 
Pour moi, je te rapporte en nourrisson fidèle
Le meilleur des pensers que je rime aujourd’hui ;
Si j’ai fait un bon vers, il te doit son coup d’aile.
Sa trempe et son éclat, car ton sang coule en lui.