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L’UNIVERSITÉ


A M. Deltour,
mon ancien professeur au Lycée Bonaparte.


Je ne suis pas ingrat, je t’aime et je t’honore
Pour tes saines leçons, noble Université !
Car il m’est salutaire, à l’âge d’homme encore,
Le puissant cordial dont tu m’as allaité ;

Et tes bras généreux sont ceux de la Patrie
Qui, fière de ses fils, les unit sur son cœur ;
Leur âme, par tes soins éclairée et fleurie.
Te doit son ornement, sa règle et sa vigueur.

Fidèle à la Nature et sévère comme elle,
Tu laisses au combat à discerner les forts,
Tu ne regardes pas qui suce ta mamelle :
Seul, chez toi, le mérite est l’artisan des sorts ;

Disputant aux foyers qu’un vol précoce effraie
D’heureux dons enfouis qui les illustreront,
Ton accueil enhardit la vocation vraie
Qui soupire hésitante et frémit sous le front.