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De me voir accueilli fidèlement par vous
Comme un marin naguère embarqué petit mousse :
Il est parti, des mers affrontant la secousse
Et les longs calmes plats non moins à redouter,
Pour chercher s’il n’est pas quelque fruit à goûter
Et quelque ciel à voir, plus suaves encore
Que ceux dont le hameau paternel se décore ;
Il revient, il accourt au toit qu’il a laissé,
Fier d’étaler aux yeux le singe bien dressé
Et la noix de coco bien lisse qu’il rapporte.
Sa famille l’attend et, du seuil de la porte,
Pour voir tant de richesse entrer dans la maison,
Le guette… Il la retrouve en pleine floraison :
Les anciens, vénérés gardiens des chers usages,
Et les derniers venus dont les jeunes visages,
Exprimant la même âme avec plus de vigueur.
Sont nouveaux pour ses jeux sans l’être pour son cœur.
Ainsi je me réveille, au retour, sur la grève
D’où je fis voile, enfant, pour l’infini du rêve,
Et sauvé, mais tremblant de ma témérité,
J’en cueille le bienfait, désormais abrité,
Et j’en goûte, oubliant les flots et leur tourmente,
La récompense, auguste hier, ce soir charmante.
Mais, si calme que soit le refuge du port,
Si bon que le sommeil nous semble après l’effort,
N’ayez peur que la paix de l’Institut m’endorme.
On dit que la coupole a quelque peu la forme,
Sous la neige, en hiver, d’un bonnet de coton
Gigantesque et pompeux tiré jusqu’au menton.