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SONNET

a léontine beaugrand
Sur sa retraite


Qui nous consolera de ton brusque départ.
De ton injuste exil, savante enchanteresse
Dont le pas élégant à sa chaste caresse,
Sans corrompre le cœur, enchaînait le regard ?

Tu forçais les penseurs à respecter ton art,
Car c’est par toi qu’émus d’une noble allégresse
Ils comprenaient pourquoi les sages de la Grèce
Au culte de la danse avaient marqué sa part.

C’est par toi, par ton vol aux courbes expressives,
Que des ailes de l’âme et des lignes du corps
Nous sentions les profonds et merveilleux accords.

Si tes grâces, Beaugrand, doivent rester oisives,
Qui nous rendra l’extase où tu nous ravissais
Par ton charme si fin, si pur, et si français ?