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SONNET
a mounet sully
Mon cœur brûle tout seul dans un exil profond,
Palpitant et voilé comme un feu sous la cendre ;
J’y sens vibrer mes vers, mais nul n’y peut descendre
Pour ouïr la musique intime qu’ils y font.
Comment donc sans l’ouvrir en peux-tu voir le fond ?
Ami, comment peux-tu, mieux que moi, faire entendre
Dans ta voix, tour à tour si terrible et si tendre.
Le vrai soupir où l’âme au souffle se confond ?
Quelle est donc ta magie, ô toi qui me révèles
Dans mes propres bonheurs des délices nouvelles,
De nouveaux aiguillons dans mes propres tourments ?
Ah ! vous autres, pour nous vous êtes des orfèvres
Qui savez enchâsser dans l’or les diamants,
Car la beauté des vers s’accomplit sur vos lèvres !