SUR LA SUBSTANCE
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conscience nous révèle donc que notre personne est une,
indivisible, identique, et par cela même très distincte de
toute autre essence, mais elle constate aussi que notre
personne est, dans son activité multiple, subordonnée à
d’innombrables conditions extérieures ; elle ne l’aperçoit pas comme
isolée dans l’univers, mais, bien au contraire, comme
soutenant une infinité de rapports avec le monde extérieur. Nous
n’éprouvons pas, en effet, dans notre être, une seule
affection qui n’implique une communication avec ce monde ; nous y
percevons son intrusion, sa présence, car sentir, être affecté,
c’est par cela même n’être plus indépendant, c’est constater
plus au moins explicitement autre chose que soi. Toute la
difficulté de la connaissance consiste précisément à démêler,
dans ce dualisme de toute affection, l’objectif du subjectif, la
chose pensée de l’organisme pensant. Ces questions,
dépourvues de sens pour les esprits qui n’ont encore connu que
spontanément ou à peu près, sont très familières à ceux qui se
sont occupés de l’origine et de la véracité des idées ; nous ne
nous adressons qu’à ces derniers.
La conscience, tout en posant notre personne, reconnaît que cette personne est en relation avec ce qui n’est pas elle, qu’elle fait partie d’un milieu où elle a ses racines, et que par conséquent elle a quelque élément commun avec le reste de l’univers, sans quoi toute communication avec lui serait impossible.