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ce système, parce que la combinaison de forces continues et éternelles peut produire l’un et l’autre de ces effets. On ne peut objecter non plus la part immense qu’il fait au hasard en supposant une constante coïncidence de toutes les circonstances favorables ; la science n’admet point le hasard, qui est simplement l’inconnu, et en outre, les propriétés n’étant à ses yeux que des relations fixes entre les êtres, les relations sont éternellement établies par la seule constance des propriétés, L’ordre universel est impliqué dans chaque propriété, il est donc superflu de chercher hors des essences individuelles une constitution souveraine de leurs rapports ; quant à la raison de ces rapports, à leur pourquoi, c’est une question sur laquelle la science expérimentale peut refuser de répondre, parce qu’elle ne prétend pas la résoudre. Or, en fait, la naissance par genèse (aux dépens d’un blastème dont les matériaux s’unissent, sans dérivation directe des éléments ambiants), peut être, à la manière des cristallisations, un mouvement résultant. La naissance par reproduction dans laquelle les éléments formés se présentent identiques ou analogues aux éléments dont ils sortent, peut elle-même, malgré son caractère plus complexe, n’être encore qu’un mouvement périodique résultant. La segmentation et le cloisonnement des cellules ne sont après tout que des mouvements. La cellule même est le premier arrangement perceptible à nos yeux, mais beaucoup d’autres ont pu précéder celui-là, comme beaucoup d’autres le suivent. Cette série de formes peut bien être attribuée aux dispositions primitives et aux propriétés combinées des molécules, depuis le système rudimentaire de deux ou trois d’entre elles, jusqu’à l’organisation des innombrables molécules qui figurent le corps humain ; et cela sans addition d’aucun principe