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le chœur.



Quand défilent dans la grand’rue,
Clairons levés, chevaux piaffants,
Aux cris de la foule accourue,
Les vieux escadrons triomphants,

Ou quand passent les funérailles
D’un illustre et pur magistrat,
Un frisson court jusqu’aux entrailles
Du plus lâche et du plus ingrat !

Les âmes sont dans l’air ! Il semble
Que de longs fils éoliens
Rattachant tous les citoyens
Tressaillent ébranlés ensemble ;

Et le douteur indifférent,
Le railleur même aux froids sarcasmes,
Suivent, poussés par le torrent
Des civiques enthousiasmes.