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L’enfant prête un vouloir libre et capricieux
Au papillon qu’il suit et qui toujours recule,
La fleur suit le soleil de l’aube au crépuscule,
Le zéphyr semble errer comme un lutin joyeux,

Chaque être a l’air d’agir comme il l’aime le mieux,
Cependant chaque atome aveuglément circule :
De l’haleine des vents la moindre particule
Doit son vol et sa route au branle entier des cieux ;

La plante est une horloge ; et sans se dire : « Où vais-je ? »
Le papillon voltige ainsi que flotte un liège,
D’équilibre et d’instinct tout son caprice est fait ;

Et la main qui l’a pris n’a pu faire autre chose.
Nul acte qui ne soit un nécessaire effet,
Nul effet révolté contre sa propre cause !




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