Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


une voix.



Seul le rêve embellit les vers !
À dépouiller de leur prestige
Les merveilles de l’univers,
Poète, quel devoir t’oblige ?

Si la Nature t’apparaît
Sous tant de formes attachantes,
N’est-ce pas pour que tu la chantes
Sans attenter à son secret ?

Indigente comme un squelette
Que la chair vient d’abandonner,
L’idée incolore et muette
Aux sens n’a plus rien à donner.

Oh ! que d’ingrats efforts te coûte
Le vrai que tu n’atteins jamais !



le chercheur.



Qui donc me dit ce que je tais ?
Quel adversaire en moi m’écoute ?