Puis, ô merveille ! on voit un bouton tressaillir,
De son corset ouvert la corolle jaillir
Par une éclosion jusqu’alors inouïe,
D’un seul jet, radieuse et tout épanouie,
Comme si la captive, en forçant sa prison.
Réclamait dix printemps à la même saison.
Sitôt que la nouvelle eut volé dans la foule,
L’enthousiasme au ciel, comme une énorme houle,
Souleva tous les cœurs, fondus dans un seul cri :
La rose a refleuri !
À l’instant toutes ses compagnes,
Fleurs des plaines, fleurs des montagnes,
Fleurs des étangs et fleurs des bois,
Émaillant soudain les campagnes,
S’épanouissent à la fois !
Voilà dans les vastes prairies
Les tribus du soleil chéries :
Les sainfoins, les coquelicots,
Les bluets et les renoncules,
Les clochettes des campanules,
Les reines des prés, les pavots
Aux couleurs vives et joyeuses !
Et, plus graves, les scabieuses
Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1872-1878.djvu/191
Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
la révolte des fleurs.