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la révolte des fleurs.

Où se ruaient petits et grands
Ainsi qu’une meute affolée,
Souriant à qui l’opprimait,
Dans la douleur et le mystère,
Dernier poète sur la terre,
Il aimait.

Il aimait, et devant la campagne chagrine
Où les cités semblaient dans la mort s’accroupir,
Sa piété débordant, un suppliant soupir
À la rose adressé, sortit de sa poitrine :

« Oh ! reviens présider tous les arts de la paix,
Reviens, comme autrefois, mêlée au simple lierre,
Orner les piédestaux des figures de pierre
Et parer noblement le seuil des hauts palais.

Reviens aussi régner dans les humbles demeures,
Apporter chez le pauvre un sourire d’espoir,
D’un peu de ta rosée attendrir son pain noir,
Embaumer son travail et colorer ses heures.

Reviens servir encor de modèle au pinceau,
De symbole à l’amour et de parure aux femmes ;