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la révolte des fleurs.


La démence fut telle à la cinquième année,
Que la foule vaguait stupide ou forcenée.
Les uns, à deux genoux, subitement dévots,
Imploraient du soleil les anciens renouveaux ;
Les autres blasphémaient, péroraient sur les places,
Et soufflaient, sans motif, l’émeute aux populaces.
« Des fleurs ! des fleurs ! » criait la foule aveuglément.
Puis, cette fièvre éteinte, un vaste accablement
Fit taire la révolte et l’espérance même,
Et sur l’humanité le spleen muet et blême
Comme un linceul immense étendit son brouillard.


IV


Or, en ces jours vivait un étrange vieillard :

Parmi l’active multitude
Qui le coudoyait en courant,
Il poursuivait indifférent
Du beau sacré l’intime étude ;
Comme dans l’azur un duvet,