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la france.

VIII

 
Pourtant, s’il faut qu’un jour, à force de revers,
Ce peuple illustre porte, écrasé par un autre,
Le deuil des vérités dont il s’est fait l’apôtre
Et dont l’aube orageuse éblouit l’univers ;

Si le monde, aveuglé d’homicides éclairs,
Fait sa gloire des pleurs qu’il arrache à la nôtre,
Hé bien ! que sur la France il se rue et se vautre,
De son dernier soupir elle emplira les airs.

Imitant la revanche éternelle d’Athènes
Dont l’âme, inaccessible au viol des capitaines,
S’exhale vierge encor de ses marbres épars ;

Et chacun baisera, pour y puiser l’exemple,
Le beau front de la morte, où, comme au front d’un temple,
L’homme a gravé ses droits sous le laurier des arts.