L’aube au rire léger, leur mère et leur amie,
Dissipe leur sommeil :
N’a-t-elle pu causer à la moins endormie
Un semblant de réveil ?
Ne concevez-vous point l’âme libre d’idées,
Un cœur, un cœur tout pur,
Des lèvres seulement vers la flamme guidées,
Des fleurs cherchant l’azur ?
Dans la convalescence, où nous vivons comme elles,
Nous laissant vivre en Dieu,
Le plus discret bonjour du soleil aux prunelles
Nous fait sourire un peu ;
Quand la vie a pour nous ses portes demi-closes,
Les plantes sont nos sœurs,
Nous comprenons alors le songe obscur des roses
Et ses vagues douceurs ;
Nous sentons qu’il est doux de végéter encore,
Tant affaibli qu’on soit,
Et de remercier un ami qu’on ignore
D’un baiser qu’on reçoit.
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