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AMOUR D’ENFANCE



AMOUR D’ENFANCE


Si loin que de mes ans je remonte le cours,
J’ignore en quel avril mes premières amours
Sont pour ma joie au monde et ma douleur écloses.
Ces penchants de l’enfance ont d’insondables causes :
Serait-ce que, là-bas, dans l’inconnu séjour
Où nous nous préparions au baptême du jour,
Pendant que j’y dormais peut-être à côté d’elle,
De son cœur assoupi quelque vague étincelle
En tombant sur le mien l’a brûlé pour jamais ?
Je suis né, je l’ai vue, et déjà je l’aimais.