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L’INSTITUT DE FRANCE



Les uns se sont voués à scruter la Nature :
Ils arrachent au fait qui meurt sa loi qui dure ;
L’œil de l’homme est en eux l’impérieux miroir
Des soleils monstrueux que nul vivant n’anime
Et des ferments de vie au foyer si minime
Qu’il fallut un Pasteur pour les apercevoir.

Ces pionniers font luire au-dessus de la foule,
Dont l’aveugle labeur se répète et s’écoule,
La Science unissant l’éternel au nouveau.
— Contre une égalité dont le joug rapetisse
D’autres font prévaloir librement la Justice,
Qui tient une balance et non pas un niveau.

Leur regard, non moins sûr et plus hardi, réclame
Tout l’intime univers, tout ce qu’on nomme l’âme,
Et l’obstiné secret du terrestre bonheur.
Sous l’éclat des soleils, éblouissants mirages,
Ils cherchent l’Être, auteur et fin de ces ouvrages,
Le grand semeur des cieux et leur grand moissonneur.