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ÉPAVES



Et comme au nouvel an s’évoquent les naissances
Et se pleurent tout bas les trop longues absences,
Comme s’épand des cœurs tout l’amour amassé,
Aujourd’hui par la gloire et par l’épreuve unies,
Célébrons le concert de vos divers génies
Fondus quinze cents ans au creuset du passé.

Depuis l’âge où vos fils sur ma docte colline
Accouraient, d’Abélard quêtant la discipline,
Combien chez moi l’école a mélangé les mœurs !
Et sur mes bancs nombreux, dans mes célèbres chaires,
Parmi tant de passants, combien de lampadaires
Dilatent mes flambeaux sans cesse accrus des leurs !
 
De ses vieilles cités je ne suis pas la seule
Dont soit fière la France, et n’en suis pas l’aïeule ;
De cette immense ruche où toutes nous brillons,
Ah ! si c’est moi la plus radieuse alvéole,
C’est vous dont le tribut m’a fait mon auréole,
C’est à vous que j’en cueille amplement les rayons.