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POUR LA FÊTE DU TRAVAIL AU MUSÉE SOCIAL



Désormais toute force est son humble ouvrière ;
Colosse formidable, insoucieux du vent,
Le vaisseau glisse au gré d’un souffle plus savant ;
La roue impétueuse abat toute barrière ;
Sur l’heure un fil au loin transmet le signe écrit
Et prête à la parole une immense carrière,
Et la voix va survivre aux morts, sœur de l’esprit.

Mainte richesse, hier inconnue et murée,
Des roches qu’on foudroie émerge et luit au jour,
Maint désert s’apprivoise et se dore au labour,
Et des plus longs trajets si brève est la durée,
Si nombreux, si chargés se pressent les convois,
Qu’aujourd’hui la famine est partout conjurée ;
La peste enfin recule, implacable autrefois.

Que te manque-t-il donc, ô noble race humaine,
Pour fonder ton bonheur sur le globe asservi,
Pour que, par mille engins secondée à l’envi,
D’un pôle à l’autre en paix ta force s’y promène.