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ÉPAVES



APRÈS LA LECTURE DE KANT


Ainsi je ne sais rien, je n’ai rien deviné.
Avec le grain de sable, avec le météore,
Je suis l’œuvre d’un Sphinx dans la nuit confiné.
Un fantôme qu’en nous l’illusion colore,
Tel est le monde aux yeux ébranlés par l’éther.
Riez, enfants, vieillards que ce mirage égaie ;
Dupes sages, riez du rideau qui m’effraie ;
Qu’importe s’il vous ment ! ce voile vous est cher.
Ah ! que les jeunes gens plaisent aux jeunes filles !
Que les hommes épars s’assemblent en familles !