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bruyante et animée, preste et lascive. Allez,… allez,… liez un bras amoureux à la taille de votre maîtresse, et entraînez-la rapide et frémissante au bruit de l’instrument sonore. Allez,… son sein palpite, son œil brille, le vent soulève son épaisse chevelure noire et effeuille sa guirlande de fleurs ; puis vous murmurez à son oreille : — Mon amour,… qu’il me serait doux de respirer ce soir près de toi l’odeur des amandiers… Et elle s’est élancée plus vive, et son bras vous a étreint si fortement, que vous avez senti son cœur bondir sous sa mantille.

Va, ne crains rien, bonne fille, ta mère n’a rien entendu, et ce soir, après la prière, quand ton vieil aïeul t’aura baisée au front, tremblante, inquiète, tes petits pieds effleureront le gazon, tu t’arrêteras vingt fois, respirant à peine. Enfin tu t’assoiras palpitante au pied de ce bel amandier en fleurs, dont les feuilles luisantes refléteront la douce clarté de la lune. Là tout à coup deux grands bras viendront t’envelopper. Eh, sainte Vierge ! quel courage ! Brave fille, tu n’aura pas peur !

Mais le son des castagnettes est moins éclatant, le soleil se couche, la cachucha tournoyante a cessé, les jeunes filles regagnent leur